Marché-Concours Saignelégier

Du 12 au 14 août 2022, visité le 14 août 2022

Bien que le Marché-Concours défende les valeurs de la tradition et qu’il joue un rôle important pour l’élevage, la commercialisation et l’utilisation des chevaux de la race des Franches-Montagnes, les conditions de détention des chevaux, en particulier la détention à l’attache dans la grande halle ainsi que dans les anciennes écuries, doivent impérativement s’améliorer à l’avenir. Durant les trois dernières années – depuis le dernier Marché Concours en 2019 – plusieurs discussions ont eu lieu avec la fédération et avec les organisateurs, les attentes étaient donc d’autant plus élevées que les mesures d’amélioration discutées devaient réellement être mises en oeuvre. La Protection Suisse des Animaux PSA est très déçue de n’avoir pu constater que peu d’améliorations, alors que les organisateurs avaient eu trois ans pour planifier et réaliser des optimisations.

Pour plus de la moitié des chevaux, les prescriptions légales régissant la taille des boxes n’ont pas été respectées. Certains boxes ne présentaient qu’un tiers de la surface minimale imposée par l’ordonnance sur la protection des animaux. Lors d’expositions de courte durée, il y a une légère tolérance concernant les prescriptions en matière de surface, mais pas dans la mesure constatée. Ce qui est particulièrement grave, c’est que de telles surfaces ont été utilisées pour deux chevaux, à savoir un poulain et sa mère. Les poulains et leurs mères pouvaient à peine se tourner, il leur était pratiquement impossible de se coucher. La PSA estime que cette exiguïté constitue une contrainte très pénible pour les chevaux.

La détention des juments avec leurs poulains dans les boxes en panels était insuffisante et surtout dangereuse pour la santé des animaux. La Protection Suisse des Animaux PSA avait déjà recommandé en 2019 que la partie inférieure – ou mieux encore jusqu’en haut (protection visuelle envers les chevaux voisins!) – soit fermée par des planches, afin de réduire le risque considérable de blessures pour les poulains, mais aussi pour les juments. Lors de sa visite, la PSA a observé à plusieurs reprises des situations très dangereuses où des chevaux avaient les jambes ou la tête coincées sous ou entre les tubes métalliques.

Les équidés attachés n’avaient aucun moyen de se retirer. De plus, les animaux qui ne se connaissaient pas étaient beaucoup trop proches les uns des autres, ce qui a créé de fréquents comportements de défense avec morsures et coups de pied réciproques. Pour de nombreux jeunes chevaux, c’était probablement la première fois de leur vie qu’ils étaient attachés aussi longtemps. Ce qui est d’autant plus grave, c’est qu’ils pouvaient être harcelés de tous les côtés, y compris par les visiteurs, sans aucune possibilité de s’échapper. La faculté d’adaptation des chevaux a ainsi été très fortement sollicitées. La PSA ne comprend toujours pas pourquoi la traditionnelle détention à l’attache dans la grande halle continue à être tolérée alors qu’aucune possibilité de retrait n’est mise à la disposition des chevaux. Ce point est pourtant prescrit par la loi et doit être respecté également lors d’expositions et de marchés aux animaux, conformément à l’ordonnance sur la protection des animaux. Concernant l’aménagement des logements et des enclos ainsi que les conditions climatiques, les expositions ne doivent donc pas être en deçà des exigences de l’ordonnance sur la protection des animaux. Lors du Marché-Concours de cette année, des infractions ont été commises en raison de l’absence de possibilités de retrait et de protections visuelles, ainsi que du manque de litière. Les animaux n’avaient pas tous de l’eau et du foin à disposition – et ceux détenus à l’attache étaient trop proches les uns des autres et mis en présence de congénères inconnus, ce qui présentait des risques importants de blessures pour les humains comme pour les animaux.

Les conditions du Marché-Concours montrent une fois de plus que le comité d’organisation se facilite la tâche et qu’il ne peut pas transférer entièrement la responsabilité de la détention sur les propriétaires des chevaux. Au contraire, ils ont eux aussi l’obligation de veiller à ce que les dispositions légales soient respectées et de montrer aux visiteurs une détention moderne et respectueuse des chevaux. Lors de telles manifestations, ils doivent jouer un rôle de modèle et prendre en considération le bien-être des chevaux. Chaque cheval a le droit (inscrit dans la loi) de se retirer des visiteurs, des autres chevaux ainsi qu’au respect d’une distance individuelle par rapport à ses congénères. De plus, la faculté d’adaptation des animaux ne doit pas être sollicitée de manière excessive. Les violations massives et répétées de l’ordonnance sur la protection des animaux 17 donnent une nouvelle fois une mauvaise image de l’ensemble de la manifestation, à tel point que même les exemples positifs constatés dans les tentes extérieures et les démonstrations réussies, qui étaient majoritairement exemplaires, ont été occultés par les aspects négatifs.

La Protection Suisse des Animaux PSA demande aux organisateurs, aux autorités compétentes et aux détenteurs d’animaux de veiller enfin à ce que le Marché-Concours offre des conditions de détention modernes, plus respectueuses des animaux et conformes à la législation. Hormis le bienêtre, la sécurité des chevaux et des visiteurs doit être garantie. De plus, le service vétérinaire cantonal a la responsabilité de dénoncer les infractions à l’ordonnance sur la protection des animaux et de les sanctionner en conséquence. Il avait pourtant lui-même indiqué en 2019 que les boxes minuscules n’étaient pas tolérables pour les poulains.

Il faut retenir que même les traditions ne doivent pas primer sur le bien-être des animaux et qu’une détention moderne et respectueuse des chevaux est incontournable si le Marché-Concours veut continuer à être accepté à l’avenir tant par les organisations de protection animale que par le grand public, qui se montre toujours plus sensible aux questions du bien-être des animaux.